48 Acta Apostolicae Sedis - Commentarium Officiale

« Il n 'y a jamais eu de nécessité dans ma famille de devenir insti-

t u t r i c e . Ma mère avait largement de quoi nous élever... Pour nous

« quit ter la maison paternelle c'était la mort . Mes sœurs et moi nous ne

« nous étions jamais isolées ». Interrogationi : « Avez-vous manifesté votre

« aversion pour M. Pic avant le mariage? » respondi t : « Jamais nous

« n 'avons eu d'intimité avant le mariage ». Alterae interrogationi: « M. Pic,

« fréquentait-il la maison? » replicat: « Oui, après les fiançailles, mais

« ma mère ne nous a jamais laissés seuls, à moins qu'il n'y eut quelque

« aut re personne Je lui ai montré mon at t i tude de froideur, mais

« n 'ayant jamais été seul avec lui, je ne le lui ai pas dit. . . : il s'en est

« plaint à la dame qui a preparé le mariage, j ' ignore pa r qui je l'ai su ».

Quatuor sorores actricis, Elisabeth Mac Teigne, Amelia Fabre , Ioanna

Beer et Henrica Ronveau, de coactione a matre exercita fere' idem depo-

nunt . Ita E. Mac Teigne: « Elle a été contrainte par ma mère qui l'a

« menacé de la faire part ir comme institutrice à l 'étranger, si elle s'y

« refusait. Ma sœur m'a fait des confidences à cet égard, et m'a dit

« formellement que si elle acceptait de subir cette contrainte, c'est

« qu'elle ne voyait pas d 'autre moyen d 'échapper aux menaces et à la

« situation qui en aurai t resulté par elle... Ma sœur ne cessait de pro-

« tester même avec larmes, elle avait de i 'éloignement pour son fiancé

« et le craignait même. Sa crainte a duré jusqu ' au jour du mariage;

« plus le terme se rapprochait , p lus ses protestat ions devenaient vives.

« J'ai été témoin de toutes les scènes, et j ' a i constaté la trace des vio-

« lences dont ma sœur avait été l'objet... Ma mère eût parfaitement

« exécuté les menaces ».

Quatuor actricis sororibus fere eadem tes tant ibus adiungenda est

sartrix quaedam, nomine Eugenia Ruelland, quae ait: « Je faisais les

« robes d'Hélène Garreaud, c'est par elle que j ' é ta is tenue au courant des

« fiançailles. Je me rappelle très bien avoir plusieurs fois reçu chez moi

« Hélène Garreaud, et étant chez elle le plus souvent, avoir été mêlée

« à la vie de la famille. Très souvent Hélène est venue me trouver en

« larmes, se plaignant d'avoir été malmenée par sa mère, d'avoir reçu

« des giffles parce qu'elle ne voulait pas épouser M. Pic que sa mère

« voulait lui imposer. Elle m'a dit qu'elle ne pourrai t j amais épouser

« cet homme qu'elle t rouvai t bête: ne sachant pas parler, etc. Hélène

« s'est contentée d'employer les moyens qui étaient seuls à sa por tée:

« l a r m e s et supplications jusqu 'au dernier jour . . . Je me suis hasardée

« un jour à dire à Mme Garreaud qu'Hélène ne semblait pas heureuse

« d'avoir le fiancé qu'elle lui reservait pour mari . La mère me repon-

« dit: " Je n 'ai pas son avis à prendre " ».