Saint Louis-Marie Grignion de Montfort Règles des Prêtres Missionnaires de la Compagnie de Marie
FIN PARTICULIRE DE LA COMPAGNIE.
LEUR DÉTACHEMENT OU PAUVRETÉ ÉVANGÉLIQUE
LEURS ORAISIONS ET EXERCICES DE PIÉTÉ
LEUR CHARITÉ ENVERS LE PROCHAIN
LEUR OBEISSANCE
19. 1. Ils obéissent à leurs supérieurs et à leurs règles,
entièrement sans partage; promptement sans délai; joyeusement
sans chagrin, aveuglément sans raisonnement, et saintement
pour Dieu seul. C'est ce qui est bientôt dit, mais le plus
difficile à exècuter vu le torrent du monde, même
ecclésiastique, qui suit sa propre volonté; vu la corruption
de la propre volonté, qui n'aime qu'à faire ce qui lui plait
et parce qu'il lui plait. C'est cependant cette obéissance qui
est en cette compagnie, comme en celle de Jésus, le fondement
et le soutien inébranlable de toute sa sainteté et de tous les
fruits que Dieu fait et fera par son ministère.
20. 2. Ils obéissent à leur directeur, qui est toujours de la
compagnie, pour la conduite de leur conscience, repandant leur
coeur devant lui comme de l'eau avec une entière confiance, ne
faisant ni n'omettant rien de considérable sans le lui avoir
découvert et sans en avoir reçu l'approbation et la
permission.
21. 3. Ils obéissent au supérieur de la Compagnie en toutes
choses grandes et petites, soit qu'elles soient prescrites par
la règle ou non, soit pour l'application aux emplois, soit
pour le bon ordre de la Compagnie.
22. 4. Ils obéissent à l'évêque dans le diocèse duquel ils
sont, aux grands Vicaires et autres supérieurs ecclésiastiques
qui tiennent la place de l'évêque, au curé de la paroisse dans
laquelle ils font la mission; ils obéissent à tous ces
supérieurs en toutes les chose qui regardent l'extérieur, et
le lieu, le temps et les autres circonstances des missions,
qui sont indifférentes en elles-mêmes et qui deviennent très
salutaires et très importantes quand elles sont réglées par
l'obéissance.
Si quelque supérieur ecclésiastique leur commandait
quelque chose qui soit contraire à leurs règles les plus
importantes et à leurs voeux, ils ne seraient pas obligés de
leur obéir; mais, s'il leur défend ou commande ou même
conseille fortement des choses qui ne sont pas beaucoup
importantes en elles-mêmes, quoiqu'ils n'aient pas coutume de
les faire ou de les omettre, ils en passeront sans balancer
par l'avis du supérieur, qui rend la chose, en cette occasion,
et plus sanctifiante et plus importante.
23. 5. Chacun se rend fidèle à remplir les devoirs de
l'emploi qui lui est confié, sans s'ingérer à prendre
connaissance et vue sur celui d'un autre, à moins qu'il n'y
soit contraint par la sainte obéissance.
24. 6. Ils obéissent aux plus petites règles de la compagnie
avec une entière exactitude, les regardant toutes comme la
prunelle des yeux de Jésus-Christ; et c'est en cette fidélité
qu'ils font voir que c'est le Saint-Esprit qui les conduit et
non pas l'esprit du monde, qui n'estime, même dans la vertu,
que ce qui brille et que ce qui a le nom de grand.
25. 7. Ils regardent la désobéissance formelle ou obstinée à
un supérieur, même en petite chose, comme le plus grand crime
qu'on puisse commettre dans la compagnie et comme peut-être le
seul, qui mérite exclusion de la communauté, quelqu'âgé et
quelque saint qu'on soit d'ailleurs.
26. 8. Ils sont si pénétrés d'estime et d'amour pour cette
divine vertu qu'ils lui sacrifient le corps, la santé, la vie
et toutes choses, lorsqu'elle commande des choses bonnes et
possibles, quoique d'ailleurs très difficiles et très amères à
la nature. C'est pourquoi, quand ils viennent à reconnaître
les fautes publiques ou secrètes qu'ils ont faites par
surprise ou tentation contre cette divine vertu, ils s'en
punissent aussitôt et en demandent pénitence au supérieur.
27. 9. Il leur est cependant permis de déclarer ingénument et
simplement les raisons qu'ils ont de ne pas omettre ou
entreprendre ce qu'on leur commande; mais aussi, après qu'ils
les ont déclarées, si on ne fait aucune attention à leurs
raisons il leur est ordonné d'obéir aveuglément et
promptement, sans dire pourquoi et comment, et non seulement
de volonté mais encore d'esprit et d'entendement, croyant,
malgré ses vues particulières, que ce que le supérieur a
défendu ou ordonné est absolument le meilleur devant Dieu.