Saint Louis-Marie Grignion de Montfort Le Secret de Marie sur l'esclavage de la Sainte Vierge
[I. NECESSITE D'UNE VRAIE DEVOTION A MARIE]
[A. LA GRACE DE DIEU EST ABSOLUMENT NECESSAIRE]
[B. POUR TROUVER LA GRACE DE DIEU, IL FAUT TROUVER MARIE]
[C. UNE VRAIE DEVOTION A LA SAINTE VIERGE EST INDISPENSABLE]
[II. EN QUOI CONSISTE LA VRAIE DEVOTION A MARIE]
[A. PLUSIEURS VERITABLES DEVOTIONS A LA TRES-SAINTE VIERGE]
[B. LA PARFAITE PRATIQUE DE DEVOTION A MARIE]
[1. En quoi elle consiste] 28. Ame prédestinée, elle consiste à se donner tout entier,
[2. Excellence de cette pratique] 35. Il me faudrait beaucoup de lumières pour décrire
[3. Sa formule interieure et son esprit] 43. J'ai dit ensuite que cette dévotion consistait à faire
[Agir avec Marie] 45. 1 La pratique essentielle de cette dévotion consiste à
[Agir en Marie] 47. 2 Il faut faire toute chose en Marie, c'est-à-dire qu'il
[Agir par Marie] 48. 3 Il faut n'aller jamais à Notre-Seigneur que par son
[Agir pour Marie] 49. 4 Il faut faire toutes ses actions pour Marie, c'est-à-
[5. Les pratiques extérieures] 60. Outre la pratique intérieur de cette dévotion, dont nous
[La consécration et son renouvellement] 61. La première, c'est de se donner à Jésus-Christ, en
[Le port de la chaînette] 65. Le cinquième, c'est de porter une petite chaine bénite au
[SUPPLEMENT] [ORAISONS A JESUS ET A MARIE]
LA CULTURE ET L'ACCROISSEMENT DE L'ARBRE DE VIE
[1. Le Saint Esclavage d'amour. Arbre de vie.]
[2. La manière de le cultiver.] Voici, âme prédestinée, la manière de le cultiver:
[SUPPLEMENT]
            
            
[ORAISONS A JESUS ET A MARIE]
         
ORAISON A JESUS
            
            
         
66. Mon aimable Jésus, permettez-moi de m'adresser à vous
            
            
pour vous témoigner la reconnaissance où je suis de la grâce
            
            
que vous m'avez faite, en me donnant à votre sainte Mère par
            
            
la dévotion de l'esclavage, pour être mon avocate auprès de
            
            
votre Majesté, et mon supplément universel dans ma très grande
            
            
misère. Hélas! Seigneur, je suis si misérable que, sans cette
            
            
bonne Mère, je serais infailliblement perdu. Oui, Marie m'est
            
            
nécessaire auprès de vous, partout: nécessaire pour vous
            
            
calmer dans votre juste colère, puisque je vous ai tant
            
            
offensé tous les jours; nécessaire pour arrêter les châtiments
            
            
éternels de votre justice que je mérite; nécessaire pour vous
            
            
regarder, pour vous parler, vous prier, vous approcher et vous
            
            
plaire; nécessaire pour sauver mon âme et celle des autres;
            
            
nécessaire, en un mot, pour faire toujours votre sainte
            
            
volonté et procurer en tout votre plus grande gloire.
            
            
Ah! que ne puis-je publier par tout l'univers cette
            
            
miséricorde que vous avez eue envers moi! Que tout le monde ne
            
            
connait-[il] que, sans Marie, je serais déjà damné! Que ne
            
            
puis-je rendre de dignes actions de grâces d'un si grand
            
            
bienfait! Marie est en moi, haec facta es mihi. Oh! quel
            
            
trésor! Oh! quelle consolation! Et je ne serais pas, après
            
            
cela, tout à elle! Oh! quelle ingratitude, mon cher Sauveur!
            
            
Envoyez-moi plutôt la mort que ce malheur m'arrive: car j'aime
            
            
mieux mourir que de vivre sans être tout à Marie.
            
            
Je l'ai mille et mille fois prise pour tout mon bien avec
            
            
saint Jean l'Evangéliste, au pied de la croix et je me suis
            
            
autant de fois donné à elle; mais, si je ne l'ai pas encore
            
            
bien fait selon vos désirs, mon cher Jésus, je le fais
            
            
maintenant comme vous le voulez que je le fasse; et si vous
            
            
voyez en mon âme et mon corps quelque chose qui n'appartienne
            
            
pas à cette auguste Princesse, je vous prie de me l'arracher
            
            
et de le jeter loin de moi, puisque, n'étant pas à Marie, il
            
            
est indigne de vous.
         
67. O Saint-Esprit! accordez-moi toutes ces grâces et
            
            
plantez, arrosez et cultivez en mon âme l'aimable Marie, qui
            
            
est l'Arbre de vie véritable, afin qu'il croisse, qu'il
            
            
fleurisse et apporte du fruit de vie avec abondance. O Saint-
            
            
Esprit! donnez-moi une grande dévotion et un grand penchant
            
            
vers votre divine Epouse, un grand appui sur son sein maternel
            
            
et un recours continuel à sa miséricorde, afin qu'en elle vous
            
            
formiez en moi Jésus-Christ au naturel, grand et puissant,
            
            
jusqu'à la plénitude de son âge parfait. Ainsi soit-il.
         
ORAISON A MARIE
            
            
pour ses fidèles esclaves
         
68. Je vous salue, Marie, Fille bien-aimée du Père Eternel;
            
            
je vous salue, Marie, Mère admirable du Fils; je vous salue,
            
            
Marie, Epouse très fidèle du Saint-Esprit; je vous salue,
            
            
Marie, ma chère Mère, mon aimable Maîtresse et ma puissante
            
            
Souveraine, je vous salue, ma joie, ma gloire, mon coeur et
            
            
mon âme! Vous êtes toute à moi par miséricorde, et je suis
            
            
tout à vous par justice. Et je ne le suis pas encore assez:
            
            
je me donne à vous tout entier de nouveau, en qualité
            
            
d'esclave éternel, sans rien réserver pour moi ni pour autre.
            
            
Si vous voyez encore en moi quelque chose qui ne vous
            
            
apartienne pas, je vous supplie de le prendre en ce moment, et
            
            
de vous rendre la Maîtresse absolue de mon pouvoir; de
            
            
détruire et déraciner et d'y anéantir tout ce qui déplait à
            
            
Dieu, et d'y planter, d'y élever et d'y opérer tout ce qui
            
            
vous plaira.
            
            
Et que la lumière de votre foi dissipe les ténèbres de
            
            
mon esprit; que votre humilité profonde prenne la place de mon
            
            
orgueil; que votre contemplation sublime arrête les
            
            
distractions de mon imagination vagabonde; que votre vue
            
            
continuelle de Dieu remplisse ma mémoire de sa présence; que
            
            
l'incendie de la charité de votre coeur dilate et embrase la
            
            
tiédeur et la froideur du mien; que vos vertus prennent la
            
            
place de mes péchés; que vos mérites soient mon ornement et
            
            
mon supplément devant Dieu. Enfin, ma très chère et bien-aimée
            
            
Mère, faites, s'il se peut, que je n'aie point d'autre esprit
            
            
que le vôtre pour connaître Jésus-CHrist et ses divines
            
            
volontés; que je n'aie point d'autre âme que la vôtre pour
            
            
louer et glorifier le Seigneur; que je n'aie point d'autre
            
            
coeur que le vôtre pour aimer Dieu d'un amour pur et d'un
            
            
amour ardent comme vous.
         
69. Je ne vous demande ni visions, ni révélations, ni goûts,
            
            
ni plaisirs même spirituels. C'est à vous de voir clairement
            
            
sans ténèbres; c'est à vous de goûter pleinement, sans
            
            
amertume; c'est à vous de triompher glorieusement à la droite
            
            
de votre Fils dans le ciel, sans aucune humiliation; c'est à
            
            
vous de commander absolument aux anges et aux hommes et aux
            
            
démons, sans résistance, et enfin de disposer, selon votre
            
            
volonté, de tous les biens de Dieu, sans aucune réserve.
            
            
Voilà, divine Marie, la très bonne part que le Seigneur
            
            
vous a donnée et qui ne vous sera jamais ôtée; et ce qui me
            
            
donne une grande joie. Pour ma part, ici-bas, je n'en veux
            
            
point d'autre que celle que vous avez eue, savoir: de croire
            
            
purement, sans rien goûter ni voir; de souffir joyeusement,
            
            
sans consolation des créatures; de mourir continuellement à
            
            
moi-même sans relâche; et de travailler fortement jusqu'à la
            
            
mort, pour vous, sans aucun intérêt, comme le plus vil de vos
            
            
esclaves. La seule grâce que je vous demande, par pure
            
            
miséricorde, c'est que, tous les jours et moments de ma vie,
            
            
je dise trois fois Amen: Ainsi soit-il, à tout ce que vous
            
            
avez fait sur la terre, lorsque vous y viviez; Ainsi soit-il,
            
            
à tout de que vous faites à présent dans le ciel; Ainsi soit-
            
            
il, à tout ce que vous faites en mon âme, afin qu'il n'y ait
            
            
que vous à glorifier pleinement Jésus en moi pendant le temps
            
            
et l'éternite. Ainsi soit-il.