Saint Louis-Marie Grignion de Montfort Règles des Filles de la Sagesse
LEUR PROFESSION ET LEURS VOEUX
REGLES DE PRUDENCE, DE FERMETÉ ET DE CHARITÉ LES UNES ENVERS LES AUTRES
LEUR DEVOTION ENVERS LA SAINTE VIERGE
LA FREQUENTATION DES SACREMENTS
REGLES DES ECOLES CHARITABLES DES FILLES DE LA SAGESSE
ELECTION DE LA SUPERIEURE ET DE SES DEUX ASSISTANTES
REGLES PARTICULIERES DE PRUDENCE ET DE CHARITE QUE LA SUPERIEURE DOIT GARDER
LA FIN DE LEUR INSTITUT
1. 1. La fin intérieure des Filles de la Sagesse est
l'acquisition de la divine Sagesse. La fin extérieure est
triple selon leurs talents, savoir: 1 l'instruction des
enfants des villes et des campagnes, dans les écoles
charitables; 2 le bon gouvernement des pauvres dans les
hôpitaux ou hors des hôpitaux, soit qu'ils soient malades ou
non, soit qu'ils soient incurables ou non; 3 comme aussi la
direction des maisons de retraite où on les appelle.
2. 2. Comme chacun a son talent différent, les Supérieurs
les appliqueront selon leurs talents aux emplois où Dieu les
appelle, après leur année de noviciat; et même après plusieurs
années, si la première ne suffit pas.
Conseils
3. Mes chères filles, prenez garde aux tentations du malin
[esprit] à l'égard de la fin que vous devez vous proposer en
vous unissant dans la même maison.
4. 1.- Ne prenez pas pour fin principale votre repos, ni
l'exercice da la charité envers le prochain. Vous n'y devez
pas prendre votre repos naturel, ni même intérieur, selon les
lois de la nature, parce que souvent l'obéissance, qui vous
ordonnera des choses extérieures et contraires à votre
attrait, renverserait le projet que vous vous êtes formé. Vous
ne devez pas non plus prendre la charité pour le prochain,
pour votre fin principale; car si dans la suite, vous n'étiez
point occupées au service du prochain, vous tomberiez dans le
trouble, le chagrin et le découragement; mais si votre
première intention est de vous sanctifier, en accomplissant la
volonté de Dieu marquée par l'obéissance, vous resterez en
paix, de quelque manière que les choses arrivent.
5. 2.- Comme Notre-Seigneur nous ordonne de ne point penser
au lendemain, non seulement à l'égard du corporel, mais
surtout à l'égard du spirituel, ne pensez point volontairement
à ce qui peut vous arriver dans la suite, à l'égard du genre
de vie que vous avez embrassé; regardez ces pensées de futur
contingent et conditionnel, comme de fines tentations du démon
qui par là veut vous faire perdre courage, en vous
représentant un gros tas d'années à passer dans le silence, la
pénitence, l'obéissance et la pauvreté. Il veut vous faire
perdre la paix, ou du moins le temps, en vous repaissant de
chimères, qui ne sont pas encore et ne seront peut-être
jamais. Ces futurs conditionnels sont, par exemple, si mon
père et ma mère viennent à mourir, que ferai-je? Si cette
personne, ce supérieur, ce directeur manque, que deviendra
cette maison?
6. 3.- Soyez persuadées que le démon ne cessera de vous
tenter de mille manières, pour vous faire changer de
résolution et de fin dans vos exercices, soit devant, soit
après votre profession; il vous grossira et augmentera vos
difficultés, vos craintes, vos répugnances, etc., il remuera
vos humeurs, il obscurcira votre esprit; enfin il fera jouer
tous ses ressorts diaboliques pour vous faire prendre
l'échange! Mais vous serez victorieuses et bienheureuses si
vous découvrez vos peines à votre Directeur et à votre
Supérieure, si vous leur obéissez aveuglément.
L'ENTREE AU NOVICIAT
7. 1. On ne reçoit, parmi les Filles de la Sagesse, que des
filles sages ou des veuves véritables, depuis seize ans
jusqu'à quarante. Les personnes trop âgées ou trop infirmes en
sont exclues.
8. 2. On y reçoit les pauvres comme les riches, pourvu que
leurs dispositions et leur vocation soient bonnes, c'est-à-
dire, si elles sont dociles et pauvres d'esprit.
9. 3. On n'exige d'elles aucune somme d'argent ni aucune
pension; mais, si elles apportent quelque argent il est reçu
comme une aumône, qui est mise dans la bourse commune et qui
sert à l'entretien de toute la communauté.
10. 4. On y reçoit très rarement des pensionnaires, c'est-à-
dire des filles ou femmes, qui ne soient pas dans la
résolution d'y faire profession; mais, quand on en reçoit, en
quelques cas extraordinaires, en faveur de quelque personne
d'un grand mérite, on ne stipule point pour sa pension et on
l'oblige à faire toutes les règles communes, sans exception;
autrement elle dérangerait toute la communauté.
11. 5. Les novices et les pensionnaires ne sortent jamais
dehors de la maison que par une permission extraordinaire de
la Supérieure et dans une pressante nécessité. Si, dans la
communauté, il n'y a point de chapelle bâtie, elles sortent
pour entendre la sainte Messe et recevoir les sacrements; mais
elles ne se chargent ni ne s'embarrassent point des affaires
temporelles, et, si elles en ont avant que d'entrer au
noviciat ou à la pension, on ne les y reçoit point qu'elles ne
soient terminées. Si, après leur entrée, il leur en survient,
elles ne s'en mêlent point par elles-mêmes, mais une personne
séculière, qui fait les affaires dehors, en prend soin.
12. 6. Le premier noviciat dure au moins un an après avoir
pris l'habit, et plus longtemps, si on le juge à propos, selon
les dispositions du novice; et, pendant ce noviciat, on exerce
les novices en toutes sortes de vertus, pour les dépouiller de
leurs mauvaises habitudes, de leurs inclinations vicieuses, de
leurs humeurs naturelles et de leurs moindres imperfections
et, à cet effet, la Maîtresse des novices leur fait pratiquer
l'obéissance, le silence, la modestie, la mortification,
l'oraison, le mépris du monde et de soi-même.
13. 7. Le second noviciat dure au moins un an et, pendant ce
noviciat, outre les exercices de piété communs à la
communauté, elles s'appliquent à apprendre parfaitement la
manière de faire le catéchisme, et de tenir les petites
écoles, l'écriture, la lecture et des ouvrages manuels, selon
leur capacité.
Conseils
14. - Gardez-vous des tentations différentes que le malin
esprit livre ordinairement aux Novices; car n'ayant pu
empêcher l'entrée au Noviciat, par les parents charnels, par
les amis intéressés, par des craintes frivoles, par des
respects mondains et par mille fausses raisons qu'il apporte
pour empêcher cette entrée au Noviciat, il tâche d'en empêcher
l'effet qui est la sanctification de la personne;
1) en lui représentant ce qu'elle a quitté dans le monde;
2) en lui faisant mépriser les petites règles et les
petites pratiques de dévotion établies dans la communauté;
3) en la jetant dans des ennuis et des troubles;
4) en lui représentant qu'elle doit être plus considérée
qu'une autre, soit à cause de sa qualité, soit à cause du bien
qu'elle donne, soit à cause de quelque talent d'esprit ou de
corps;
5) en lui inspirant de la froideur contre les autres et
même contre les Supérieurs, lui faisant accroire qu'ils ont
quelque chose contre elle;
6) soit en lui donnant de l'éloignement des sacrements
sous les plus beaux prétextes du monde. Il y a une infinité
d'autres pièges que le démon, de concert avec le monde, tend
aux Novices, ou pour les faire sortir, ou pour les engager
dans le péché, ou pour retarder leur perfection. L'ouverture
de coeur et l'obéissancee aveugle sont des remèdes
infaillibles, et des armes toutes puissantes dans ces peines
et ces combats.