Saint Louis-Marie Grignion de Montfort Règles des Filles de la Sagesse

 LA FIN DE LEUR INSTITUT

 LEUR PROFESSION ET LEURS VOEUX

 LEUR PAUVRETE

 LEUR OBEISSANCE

 LEUR CHASTETE

 LEUR SILENCE

 LEUR MÉPRIS DU MONDE

 LEUR CHARITE POUR LE PROCHAIN

 REGLES DE PRUDENCE, DE FERMETÉ ET DE CHARITÉ LES UNES ENVERS LES AUTRES

 LEURS PRIERES ET ORAISONS

 LEUR DEVOTION ENVERS LA SAINTE VIERGE

 LA FREQUENTATION DES SACREMENTS

 LEURS TRAVAUX MANUELS

 LEUR MORTIFICATION

 LEURS REPAS

 LEUR RECREATION

 LEUR FOI

 LEUR HUMILITE

 LEUR MODESTIE

 LEUR RETRAITE DOMESTIQUE

 LA CONFERENCE DES COULPES

 LES OFFICIERES

 LEUR REGLEMENT JOURNALIER

 REGLES DES MAITRESSES D'ECOLE

 REGLES DES ECOLES CHARITABLES DES FILLES DE LA SAGESSE

 ELECTION DE LA SUPERIEURE ET DE SES DEUX ASSISTANTES

 REGLES PARTICULIERES DE PRUDENCE ET DE CHARITE QUE LA SUPERIEURE DOIT GARDER

LEUR PAUVRETE

24. 1. Elles n'ont rien en propre, pas même un denier, pas
même un habit, pas même une paire d'heures, pas même un meuble
de chambre ou de dévotion; tout est en commun et la communauté
est obligée, après leur profession, de leur fournir de tout ce
qui leur est nécessaire pour la nourriture, l'entretien et le
vêtement.

25. 2. A la vérité, elles n'abandonnent pas, si elles ne
veulent, les revenus et même le domaine de leurs biens de
patrimoine, si elles en ont; mais l'usufruit et l'emplette de
ces biens est dans l'entière disposition de leurs Supérieurs
dans la communauté, les employant, comme bon leur semble, aux
besoins de toute ladite communauté, sans distinction du riche
et du pauvre.

26. 3. Comme pauvres, elles sont habillées de l'habit des
pauvres des hôpitaux et des campagnes, qui est le gris, à peu
près comme les filles de la congrégation de M. Vincent, si non
que, pour une plus grande modestie, elles ont une cape noire
par-dessus qui les couvre et les ensevelit, depuis la tête
jusqu'aux pieds.

27. 4. Elles ont chacune leur pauvre petite cellule, dans
laquelle il n'y a: 1 qu'un lit de planches avec une paillasse
et un matelas et des rideaux; 2 une table; 3 une chaise; 4
un crucifix; 5 une image de la Sainte-Vierge; 6 un coffre
sans serrure; 7 un porte-manteau, des époussettes, un
chandelier et un balai; tout le reste, comme inutile et
superflu, en est banni.

28. 5. Elles font des ouvrages manuels; mais elles ne les
vont pas chercher ni demander hors de la maison; elles n'en
font point le prix et elles n'en perçoivent point le paiement
par leurs mains propres et elles n'en profitent d'aucune chose
plus que la communauté; tout le fruit, qui en revient, est mis
en commun par l'Econome ou la Supérieure.

29. 6. Dans leurs besoins corporels, elles ne demandent
jamais l'aumône à personne; soit à des parents, soit à des
étrangers, soit pour la communauté en général, soit pour leurs
besoins en particulier, soit directement, soit indirectement;
mais elles s'abandonnent, pour toutes choses, aux soins de la
divine Providence, qui les aidera de la manière et dans le
temps qu'elle voudra, comme si elles attendaient,
immédiatement d'un ange envoyé du ciel, la nourriture et
l'entretien; et cependant elles travaillent à des ouvrages
manuels, pour gagner quelque chose, comme si elles
n'attendaient rien de Dieu.

30. 7. Quand, selon leurs talents, on les envoie faire le
catéchisme et tenir les écoles en quelque ville ou campagne,
elles ne regardent la pension modique, qu'on leur donne pour
un an, que comme le salaire de leurs travaux et de leurs
peines pendant ladite année; en sorte que, si, par négligence,
elles ne remplissent pas leurs devoirs, elles commettent une
grande injustice, en se servant d'un bien qu'elles
n'acquièrent par aucun titre. Comme on ne leur donne de
pension que ce qui est absolument nécessaire pour vivre, elles
ne font aucune dépense inutile et, si à la fin de l'an, elles
ont épargné quelque chose, elles n'en peuvent disposer sans
une permission expresse, ni à leurs parents, ni à leurs amis.

31. 8. Elles ne demandent rien, directement ni indirectement,
aux enfants qu'elles instruisent; mais si quelque parent d'un
enfant riche veut, par pure reconnaissance, sans qu'on le lui
ait demandé, leur faire quelque aumône, elles ne la reçoivent
jamais par leurs mains propres; mais, si elles font l'école
dans la ville où est la Mère-Communauté ou le noviciat, elles
supplient leurs bienfaiteurs de donner leur charité à leurs
Supérieures et, si elles font l'école dans quelque autre ville
ou dans la campagne, elles reçoivent elles-mêmes ladite
charité.

32. 9. Si Dieu les appelle à gouverner quelqu'hôpital, elles
n'ont qu'un entretien pauvre et modique, se contentant du pain
des pauvres, si elles n'en ont pas d'autre, et, pour la
pension et les aumônes, elles en agissent, comme les
maîtresses d'école, faisant toutes choses par pure charité.

33. 10. La Supérieure les fait changer, tous les ans, de
chambre, de meubles et même d'habits, quand elle y remarque de
l'attache, et, deux fois par an, on leur coupe les cheveux.

Conseils

34. 1.- Prenez garde de posséder quelque chose en particulier
sans une vraie nécessité et une parfaite obéissance. Le démon
ne manque pas d'inspirer, tous les jours, aux religieux et
religieuses, mille beaux prétextes et mille raisons
apparentes, pour leur faire transgresser leur vertu de
pauvreté, ou du moins pour en diminuer le mérite.

35. 2.- Prenez donc garde d'avoir attache à la moindre
chose; quand vous y sentirez beaucoup d'affection, quittez-la
pour un temps ou vous en privez tout-à-fait.

36 3.- Le malin esprit vous tentera, sous ombre de piété,
d'avoir, dans vos chambres, plusieurs images et meubles de
dévotion, pour vous et pour les autres. De cent religieuses, à
peine une s'exempte-t-elle de tomber dans cette fine
tentation.

37. 4.- Regardez d'un autre côté, comme une fine tentation,
de ne pas découvrir vos besoins temporels à votre Supérieure,
crainte d'un refus ou par humeur.

38. 5.- Ne pensez point au lendemain, de propos délibéré et
sans une vraie nécessité. Dieu vous le défend, et le démon
l'inspire pour troubler ou pour faire perdre le temps.

39. 6.- Si vous voyez quelqu'une de vos Soeurs mieux habillée
et mieux entretenue que vous, prenez garde à la tentation de
jalousie et de murmure; le malin esprit ne manquera pas de
vous grossir les commodités qu'ont les autres et que vous
n'avez pas, afin de vous troubler et diviser intérieurement
d'avec elles; pour cet effet, il vous représentera que vous
avez plus apporté à la Communauté que telle ou telle, que vous
êtes quelque chose de plus, que vous travaillez mieux, etc.;
il vous représentera vos anciennes commodités, lorsque vous
jouisiez de votre bien en particulier, et du fruit de vos
travaux, et il vous donnera l'envie de retourner dans le
monde.

40. 7.- Par esprit de pauvreté et d'humilité, je vous
conseille de choisir le pire en tout, autant que vous pourrez,
la nourriture la moins délicate, les habits les plus vieux et
les plus grossiers, les emplois les plus bas, etc.

41. 8.- Aimez à manquer de quelque chose dont les autres ne
se passent pas, et n'en témoignez, au dehors, aucune peine.

42. 9.- Ne parlez jamais avec estime des biens du monde. Ne
dites jamais: si on me donnait telle somme d'argent, si
quelque personne riche nous donnait, etc., nous bâtirions,
nous achèterions, etc. Tous ces désirs sont dans les païens et
les mondains et indignes des véritables sages, qui, non
seulement ne désirent aucun bien temporel, même pour des
oeuvres pieuses, mais encore, quittent tout ce qu'ils
possèdent le plus légitimement, pour suivre de plus près la
Sagesse incarnée.

43. 10.- Prenez bien garde de raconter aux autres les
commodités que vous aviez dans le monde, les biens que vous
avez apportés à la Maison; ne parlez jamais de votre habileté
ou savoir-faire en plusieurs ouvrages.

44. 11.- Ne faites aucun cas de tout l'extérieur et visible
en soi-même, quelque grand et relevé qu'il paraisse selon la
nature et estimez beaucoup, parmi vos Soeurs, celles qui sont
les plus pauvres et les moins capables au dehors.

45. 12.- Quand vous avez besoin de quelque chose, pour votre
santé ou pour votre entretien, avant de le demander à votre
Supérieure, faites un quart d'heure au moins d'oraison devant
Dieu, pour voir en sa lunmière si, véritablement, selon la
perfection, vous avez un tel besoin; ensuite, si votre pensée
du coeur est la même, demandez hardiment et simplement; et si
vous êtes refusée ou rebutée en vos demandes, tenez-vous en
paix, comme si Jésus-Christ en personne vous l'avait refusée.