Saint Louis-Marie Grignion de Montfort Règles des Filles de la Sagesse

 LA FIN DE LEUR INSTITUT

 LEUR PROFESSION ET LEURS VOEUX

 LEUR PAUVRETE

 LEUR OBEISSANCE

 LEUR CHASTETE

 LEUR SILENCE

 LEUR MÉPRIS DU MONDE

 LEUR CHARITE POUR LE PROCHAIN

 REGLES DE PRUDENCE, DE FERMETÉ ET DE CHARITÉ LES UNES ENVERS LES AUTRES

 LEURS PRIERES ET ORAISONS

 LEUR DEVOTION ENVERS LA SAINTE VIERGE

 LA FREQUENTATION DES SACREMENTS

 LEURS TRAVAUX MANUELS

 LEUR MORTIFICATION

 LEURS REPAS

 LEUR RECREATION

 LEUR FOI

 LEUR HUMILITE

 LEUR MODESTIE

 LEUR RETRAITE DOMESTIQUE

 LA CONFERENCE DES COULPES

 LES OFFICIERES

 LEUR REGLEMENT JOURNALIER

 REGLES DES MAITRESSES D'ECOLE

 REGLES DES ECOLES CHARITABLES DES FILLES DE LA SAGESSE

 ELECTION DE LA SUPERIEURE ET DE SES DEUX ASSISTANTES

 REGLES PARTICULIERES DE PRUDENCE ET DE CHARITE QUE LA SUPERIEURE DOIT GARDER

LEUR OBEISSANCE

46. 1. La pratique parfaite de la sainte obéisssance est la
vertu spéciale qui distingue les Filles de la Sagesse. Comme
la divine Sagesse, qui commandait dans les cieux, est venue
sur la terre pour obéir, depuis le premier instant de son
incarnation jusqu'à sa mort; de même, ses filles ont quitté le
monde, pour, à l'exemple de la Sagesse, captiver leur
entendement et leur volonté sous le joug de l'obéissance.

47. 2. Elles obéissent à leurs Règles et à leurs Supérieurs
premiers et subalternes:
1 Entièrement, sans partage;
2 Promptement, sans délai;
3 Joyeusement, sans chagrin;
4 Saintement, sans respect humain;
5 Aveuglément, sans raisonnement;
6 Et persévéramment, sans discontinuation.
Ces six qualités de l'obéissance méritent une longue
explication.

48. 3. Elles doivent être fidèles à toutes leurs Règles, même
les plus petites; et, lorsque leur Règle ne leur prescrit
point une chose, elle doivent en demander la permission, quand
elles la veulent faire, afin que l'obéissance chasse le poison
de leurs actions, qui est leur propre volonté.

49. 4. Elles doivent obéir à leur Supérieure en toutes les
choses qui ne sont point prescrites par la Règle et, même
quand elles le seraient, si les occasions ou les circonstances
rendent la pratique de la Règle impossible ou bien difficile,
elles en doivent demander l'interprétation ou l'exemption à
leur Supérieure.

50. 5. Elles peuvent, et doivent même souvent, représenter
leurs raisons pour faire ou ne pas faire quelque chose; mais
avec indifférence et sans passion, ne se formalisant jamais
d'un refus d'une chose qui leur paraît la plus juste.

51. 6. Elles tâchent d'obéir à toutes créatures pour l'amour
de Dieu, quand la chose commandée n'est pas contre d'autre
volonté que la leur.

52. 7. Elles demandent toutes leurs permissions à leur
Supérieure à genoux et avec humilité, parce qu'elles ne
regardent que Jésus-Christ en elle; lesquelles permissions
elles ne demanderont à genoux, que lorqu'il n'y aura aucun
étranger présent.

53. 8. Elles ne manquent pas de réparer publiquement les
fautes qu'elles ont faites en public contre la sainte
obéissance.

54. 9. Pour le gouvernement de la communauté, elles obéissent
à Monseigneur l'Evêque et à celui qui leur est commis de sa
part, aux Pasteurs de la paroisse où elles sont et, quand
elles sont dans les hôpitaux, elles obéissent aux Aumôniers,
pour le gouvernement intérieur des pauvres, et aux
Administrateurs, pour le gouvernement extérieur de l'hôpital.

Conseils

55. - Comme le démon est orgueilleux et désobéissant, il vous
livrera, chères Filles, de grandes et de fines tentations
contre la sainte obéissance, afin de vous en séparer, soit à
l'égard de vos Règles, soit à l'égard de votre Supérieure,
soit à l'égard de votre Directeur.

56. 1.- Prenez bien garde de faire peu de cas des petites
règles et petites pratiques de piété, et de les transgresser
sans beaucoup de scrupule; car celui qui méprise les petites
choses tombera peu à peu.

57. 2.- Le malin esprit, pour vous empêcher d'obéir à votre
Supérieure, vous mettra dans l'esprit:
1) qu'elle ne vous aime pas, et même qu'elle vous prend à
la tâche et vous en veut;
2) qu'elle n'est pas capable de commander;
3) qu'elle affecte la domination et la supériorité;
4) qu'il n'y a pas de raison dans ce qu'elle commande;
5) qu'elle ne contredit pas les autres comme vous;
6) qu'elle est remplie de tel ou tel défaut, et qu'elle
ne mérite pas qu'on s'arrête à ce qu'elle dit, et qu'on mette
sa confiance en elle.

58. 3.- Si le démon ne peut pas vous faire tout-à-fait
désobéir, il vous fera obéir en retardant longtemps, en vous
plaignant, en grondant, en murmurant, et avec un air chagrin
et dédaigneux.

59. 4.- Découvrez tout votre intérieur à votre Directeur, ne
lui cachant rien de ce qui peut lui faire connaître votre
tempérament, découvrez-lui vos bonnes et mauvaises
inclinations, vos desseins et vos entreprises; ne jugez ni en
bien ni en mal de vous-même, laissez-en le jugement entier à
votre Supérieure et à votre Directeur.

60. 5.- Regardez comme une fine tentaton de ne pas consulter
sur une chose très sainte que vous voulez faire sous prétexte
que votre Directeur n'est pas assez éclairé en cette matière,
ou que vous n'avez aucun doute sur la bonté de votre action ou
sur la vérité de la chose.

61. 6.- Prenez bien garde après un refus de votre Supérieure
d'aller vous plaindre, à quelque égale ou inférieure, de son
procédé; prenez bien garde d'user de finesse et de détour,
pour extorquer quelque permission des Supérieurs.

62. 7.- Ne craignez point de blesser l'honnêteté du monde
pour obéir promptement au moindre point de la règle ou au
moindre commandement de vos Supérieurs; ainsi, si un exercice
public vous appelle, quittez promptement la compagnie où vous
êtes, à moins qu'elle ne fût absolument nécessaire.

63. 8.- Pour vous perfectionner, en peu de temps, dans la
grande vertu de la Sagesse, qui est l'obéissance, ne faites
point difficulté de soumettre votre jugement et votre volonté
à vos égaux et à vos inférieurs, en des choses indifférentes.

64. 9.- Vous devez remarquer qu'il vous est tout-à-fait libre
de découvrir votre intérieur à votre Directeur ou à votre
Supérieure, selon votre attrait. Cependant, il faut avouer que
celles de la Communauté qui ont assez d'humilité et
d'obéisssance pour se découvrir à leur Supérieure, font une
action héroïque, et avancent plus que les autres dans la
vertu, par cette pratique commune dans les Communautés
ferventes.

65. 10.- Souvenez-vous de cette admirable sentence de saint
François de Sales, marquée dans sa Règle: d'autant plus que
vous préférerez la communauté à votre particularité, d'autant
plus devez-vous savoir que vous avez profité.