Saint Louis-Marie Grignion de Montfort Règles des Filles de la Sagesse

 LA FIN DE LEUR INSTITUT

 LEUR PROFESSION ET LEURS VOEUX

 LEUR PAUVRETE

 LEUR OBEISSANCE

 LEUR CHASTETE

 LEUR SILENCE

 LEUR MÉPRIS DU MONDE

 LEUR CHARITE POUR LE PROCHAIN

 REGLES DE PRUDENCE, DE FERMETÉ ET DE CHARITÉ LES UNES ENVERS LES AUTRES

 LEURS PRIERES ET ORAISONS

 LEUR DEVOTION ENVERS LA SAINTE VIERGE

 LA FREQUENTATION DES SACREMENTS

 LEURS TRAVAUX MANUELS

 LEUR MORTIFICATION

 LEURS REPAS

 LEUR RECREATION

 LEUR FOI

 LEUR HUMILITE

 LEUR MODESTIE

 LEUR RETRAITE DOMESTIQUE

 LA CONFERENCE DES COULPES

 LES OFFICIERES

 LEUR REGLEMENT JOURNALIER

 REGLES DES MAITRESSES D'ECOLE

 REGLES DES ECOLES CHARITABLES DES FILLES DE LA SAGESSE

 ELECTION DE LA SUPERIEURE ET DE SES DEUX ASSISTANTES

 REGLES PARTICULIERES DE PRUDENCE ET DE CHARITE QUE LA SUPERIEURE DOIT GARDER

LEUR MODESTIE

216. 1. Elles composent leur extérieur, uniquement pour plaire
à Dieu et pour édifier le prochain, sans affectation ni
hypocrisie, et autant en particulier qu'en public.

217. 2. La modestie étant, au rapport des Saints, une portion
de la divinité, un rejaillissement du Saint-Esprit et une
véritable richesse devant Dieu, elles pratiquent cette grande
vertu, en tous les mouvements de leurs corps, et elles en font
leur étude particulière.

Leur modestie dans le visage et la vue.

218. 1 . Elles tiennent ordinairement la tête droite, sans la
lever ni la baisser trop, sans la pencher d'un côté ou
d'autre, sans la soutenir de la main, sans la branler à chaque
mot, et sans la tourner çà et là à la moindre occasion.

219. 2. Elles n'ont point les yeux égarés, ni aussi arrêtés
trop fixement sur ceux qu'elles regardent, mais un peu
baissés, et leur mouvement n'est ni trop fréquent ni trop
précipité. Leurs regards sont humbles, doux et respectueux, et
jamais rudes, dédaigneux, audacieux ni farouches.

220. 3. Elles ne font point coutume de tenir la bouche
ouverte, ni les lèvres trop serrées; elles tâchent de ne se
moucher ni de cracher pas d'une manière qui fasse peine aux
autres; elles tâchent de ne bâiller pas devant les autres.

221. 4. Elles évitent de rider le front, de froncer les
sourcils, de se ronger les ongles, de se nettoyer le nez ou
les oreilles avec les doigts.

222. 5. Elles s'abstiennent d'éclater de rire, aussi bien que
de rire trop souvent; mais aussi elles ne sont point tristes,
mornes, trop sérieuses et trop graves.

223. 6. Elles évitent les grimaces, les mines contrefaites,
tout ce qui marque quelque artifice ou quelque dissolution.
Elles tâchent d'avoir un visage gai, serein, ouvert,
tranquille, sans affectation, sans contrainte, qui ait un air
de bonté, de douceur et de piété, capable de gagner les coeurs
et de les porter à Dieu.

Leur modestie dans la posture du corps.

224. 1. Ordinairement, elles tiennent leur corps droit, sans
le courber ni pencher de côté ou d'autre, sans contrainte
cependant et sans affectation.

225. 2. Elles ne s'appuient point tantôt sur un pied, tantôt
sur un autre; elles ne changent point, à tout moment, de
situation et de posture; ce qui est, selon les saints Pères,
une marque de légèreté.

226. 3. Elles ne tiennent point les mains sur le côté ni
derrière le dos; elles ne les portent point au visage, ni en
quelque autre endroit du corps sans quelque nécessité.

227. 4. Elles s'abstiennent de ces lâches et molles extensions
de bras et de jambes, qui viennent ordinairement d'un fond de
paresse et de négligence.

228. 5. Elles ne s'accoudent, ni ne s'appuient, ni ne se
penchent indécemment, ni ne croisent les pieds, ni ne se
mettent les jambes l'une sur l'autre.

Leur modestie dans le parler.

229. 1. Elles ne parlent ni trop ni trop peu, n'étant pas de
ces causeuses et bien disantes qui ne donnent pas aux autres
le temps de parler, ni de ces taciturnes qui par leur silence
mal réglé, sont ordinairement fort à charge dans les
conversations.

230. 2. Elles n'interrompent point ceux qui parlent, ni ne
préviennent point, par une réponse précipitée, ceux qui les
interrogent.

231. 3. Elles règlent tellement le ton de la voix, qu'il ne
soit ni trop haut ni trop bas, aigre ni doucereux, rude ni
efféminé, rustique ni languissant; et elles ne se servent
jamais d'un ton magistral, impérieux, méprisant et passionné.

232. 4. Elles condamnent les paroles de mensonge, de
raillerie, de mépris, de bouffonnerie, de flatterie, de vanité
et toutes les autres qui peuvent blesser la bienséance ou la
charité.

233. 5. Elles ne s'empressent point à dire, les premières,
leur avis sur les sujets qui se présentent, comme si elles
étaient plus capables d'en juger que les autres; et,
lorsqu'elles le donnent, après en avoir été requises, c'est
toujours avec simplicité, et, si les choses leur paraissent
douteuses, elles n'en parlent pas d'une manière décisive et
trop hardie.

234. 6. Elles évitent toutes sortes de contestations et de
disputes; et elles aiment mieux remporter la victoire en
cédant, comme si elles s'étaient trompées, qu'en contestant
avec chaleur et orgueil.

235. 7. Enfin elles pèsent toutes leurs paroles avant de les
prononcer.
On a parlé de la modestie de leurs habits.

Leur modestie dans le marcher.

236. 1. Elles ne marchent point d'un pas trop vite et trop
précipité, ne courant jamais que par une vraie nécessité.
Selon cette règle, quand elles montent ou descendent un
escalier, elles ne montent ni ne descendent pas plus d'une
marche à la fois.

237. 2. Elles ne marchent point trop lentement, traînant les
pieds, ou ne les levant qu'avec négligence.

238. 3. Elles évitent de marcher avec affectation, par ressort
et par machine, allant à pas comptés et étudiés, etc.

239. 4. Elles évitent, en marchant, toutes ces sortes
d'agitations de tête, de mains, de bras, d'épaules et de
corps, que les Saints condamnent de légèreté.

240. 5. Lorsqu'elles sont obligées de faire quelques visites
en ville, elles y évitent de parler trop haut, de rire avec
éclat, de badiner et de folâtrer; de regarder dans les
boutiques, les carrosses ou autres lieux, avec curiosité; de
s'arrêter dans les coins des rues, pour lire les affiches et
pour voir des masques ou des charlatans; enfin elles fuient,
autant qu'elles peuvent, les foires, les places publiques, et
autres lieux où la vanité règne et où Jésus-Christ ne se
trouve point ordinairement.

Leur modestie dans l'église.
241. 1. Elles ne vont à l'église qu'en habit décent, avec leur
cape, la tête modestement couverte.

242. 2. Elles n'y entrent qu'avec un extérieur plein de piété
et de religion, prenant, en entrant, de l'eau bénite, se
mettant à genoux ordinairement au bas de l'église par
humilité.

243. 3. Si elles passent devant le Saint-Sacrement, elles font
une profonde révérence, et, quand c'est devant un autre autel
ou une image d'un Saint, une médiocre révérence.

244. 4. Elles ne passent jamais par une église, pour abréger
leur chemin; elles n'y parlent que par nécessité, et tout bas
et en peu de mots: ce qu'elles observent dans la sacristie,
qui est une partie de l'église.

245. 5. Elles règlent, particulièrement dans l'église, leurs
regards, leur contenance et leur posture; mais de telle sorte,
que leur dévotion soit sans grimaces, sans indécence, et sans
aucun geste ou mouvement de corps extraordinaire. Elles
assistent ordinairement à la Sainte Messe, à genoux, les yeux
modestement baissés ou arrêtés sur l'autel, les mains croisées
sur leur poitrine sous leur cape; elles peuvent s'asseoir
pendant le sermon ou se tenir debout. Quand la faiblesse ou la
lassitude ne leur permet pas de se tenir à genoux, elles
peuvent s'asseoir modestement.