Saint Louis-Marie Grignion de Montfort Règles des Filles de la Sagesse

 LA FIN DE LEUR INSTITUT

 LEUR PROFESSION ET LEURS VOEUX

 LEUR PAUVRETE

 LEUR OBEISSANCE

 LEUR CHASTETE

 LEUR SILENCE

 LEUR MÉPRIS DU MONDE

 LEUR CHARITE POUR LE PROCHAIN

 REGLES DE PRUDENCE, DE FERMETÉ ET DE CHARITÉ LES UNES ENVERS LES AUTRES

 LEURS PRIERES ET ORAISONS

 LEUR DEVOTION ENVERS LA SAINTE VIERGE

 LA FREQUENTATION DES SACREMENTS

 LEURS TRAVAUX MANUELS

 LEUR MORTIFICATION

 LEURS REPAS

 LEUR RECREATION

 LEUR FOI

 LEUR HUMILITE

 LEUR MODESTIE

 LEUR RETRAITE DOMESTIQUE

 LA CONFERENCE DES COULPES

 LES OFFICIERES

 LEUR REGLEMENT JOURNALIER

 REGLES DES MAITRESSES D'ECOLE

 REGLES DES ECOLES CHARITABLES DES FILLES DE LA SAGESSE

 ELECTION DE LA SUPERIEURE ET DE SES DEUX ASSISTANTES

 REGLES PARTICULIERES DE PRUDENCE ET DE CHARITE QUE LA SUPERIEURE DOIT GARDER

REGLES DE PRUDENCE, DE FERMETÉ ET DE CHARITÉ
LES UNES ENVERS LES AUTRES
ET ENVERS LES PAUVRES ET LES ENFANTS

Règles intérieures

111. 1. Elles n'interprètent jamais en mauvaise part ce qui
n'a que quelque apparence de mal; et elles excusent sur la
faiblesse, l'ignorance ou la passion, ce qui est évidemment
mauvais, croyant que Dieu n'a permis ce mal qui paraît que
pour en tirer un plus grand bien qui ne paraît pas faute de
lumière.

112. 2. Elles ne croient pas tout d'abord le mal qu'on leur
rapporte du prochain, quoi qu'on ne leur dise que par charité
pour y mettre ordre; mais elles suspendent par charité leur
jugement, jusqu'à ce qu'elles s'en soient informées, aimant
mieux s'exposer à être trompées, par charité, que de s'exposer
à faire un jugement téméraire, faute de charité et de
prudence.

113. 3. Elles ne réfléchissent jamais volontairement sur la
mauvaise conduite et les défauts du prochain, et sur les maux
qu'elles en ont reçus.

114. 4. Elles se croient intérieurement les plus imprudentes,
les plus ignorantes et les plus méchantes de toutes, malgré le
jugement contraire que forme, en elles, l'amour propre.

115. 5. Elles renoncent facilement à leurs lumières
intérieures et à leurs raisons, même valables, pour
s'assujétir, par charité et humilité, à celles des autres en
choses indifférentes, et qui ne sont pas évidemment mauvaises.

116. 6. Elles ne nourrissent jamais, dans leur coeur, de
secrètes aversions et froideurs contre quelqu'un; quand elles
les ressentent, quoique malgré elles, elles les découvrent
toujours à leur Directeur.

Règles extérieures

117. 1. Elles obéissent, même avec joie qui paraît sur leur
visage, aux commandements de leurs Supérieurs, quoique contre
leur inclination naturelle.

118. 2. Elles ne se plaignent ni ne se formalisent jamais de
la conduite de leurs Supérieurs, devant un particulier qui n'y
peut mettre ordre; et elles ne font jamais aucune démarche,
pour faire valoir leur sentiment et leur conduite, au
préjudice de celle d'un Supérieur qui l'improuve.

119. 3. Elles ne font point paraître trop d'empressement pour
faire valoir leur sentiment au préjudice d'une autre; mais
elles cèdent joyeusement, après avoir dit simplement leurs
raisons.

120. 4. Chacune ne se mêle que de son emploi, sans prendre de
soi-même inspection sur celui des autres.

121. 5. Elles n'écoutent point les plaintes des inférieurs
contre les supérieurs; ou, si elles les écoutent, elles
tâchent de faire entendre, au moins extérieurement, aux
inférieurs que leurs plaintes ne sont pas légitimes, en les
taxant, avec douceur, d'impatience, d'orgueil, de murmure,
etc., et elles approuvent la conduite de leurs supérieurs,
autant que la vérité le permet.

122. 6. Elles ne découvrent jamais aux pauvres qu'elles
gouvernent, quelque affidés qu'ils soient, les secrets et les
règles de la Communauté, ni ne leur déchargent jamais leur
coeur, quand elles ont quelque sujet de chagrin.

123. 7. Elles ont une grande affabilité et ouverture de coeur
les unes envers les autres; et se traitent mutuellement avec
beaucoup de respect et d'amitié, évitant, d'un côté, un
certain air dédaigneux, réservé et particulier qui est
contraire à la charité, et, de l'autre, une trop grande
familiarité et des manières badines et puériles qui engendrent
le mépris.

124. 8. Elles s'excusent mutuellement dans leurs défauts, et
s'entresoutiennent toutes contre les rapports, médisances,
calomnies et persécutions.

125. 9. Elles évitent toute duplicité, agissant ensemble avec
beaucoup de candeur et d'ouverture de coeur.

126. 10. Elles s'avertissent charitablement, en secret, de
leurs défauts, et elles reçoivent de bon coeur les corrections
qu'on leur fait.

127. 11. Elles évitent les paroles hautaines et arrogantes,
les cris immodérés, les comparaisons odieuses, et une infinité
de défauts qui rompent ou altèrent la charité.

128. 12. Elles tâchent d'être également charitables et fermes
envers les pauvres: par la charité, elles les supportent et
les excusent, dans leurs faiblesses, ignorances et défauts de
corps et d'esprit, et même dans leurs péchés; par la fermeté,
elles les punissent, sans respect humain, de leurs fautes de
malice, de leur orgueil à leur tenir tête, de leur
désobéissance aux règles et aux Supérieurs, particulièrement
quand ces fautes sont publiques et scandaleuses. Si elles
laissent de telles fautes impunies, en des particuliers, leur
charité dégénère en une connivence condamnable, elles
détruisent l'ordre et la règle de la communauté, et elles
donnent lieu aux méchants d'en faire autant et plus. O qu'il
est difficile de trouver l'heureux milieu qui est entre la
douce charité et la fermeté sévère, et qu'il faut
nécessairement trouver, pour bien gouverner les pauvres et les
enfants. Si on est trop doux, en se contentant seulement
d'avertir les défaillants, sans user d'un châtiement prudent,
on augmente le mal par une molle condescendance; et, si on est
trop sévère, en châtiant avec rigueur, on irrite le mal. C'est
pourquoi elles unissent ordinairement, dans les écoles et dans
les hôpitaux, l'huile et le vinaigre, la récompense et le
châtiement; en sorte cependant que l'huile du pardon surnage
sur le vinaigre du châtiment.

129. 13. Elles rendent tous les services qu'elles peuvent aux
pauvres, pour l'âme et le corps, se faisant toutes à tous, et
les dernières de tous, persuadées qu'elles sont que la
première, parmi elles, n'est pas la plus élevée, la plus
riche, la plus savante; mais celle qui se croit et se met la
dernière de toutes.

130. 14. S'il arrive à quelqu'une de dire à une autre Soeur
quelque parole dure, de mépris ou de reproche, elle lui en
demande pardon, à genoux, et elle baisera la terre. La Soeur
offensée en fera de même par humilité, usant de quelque parole
de cordialité qui marquera sa réconciliation: elle le fera, en
présence de la Mère Supérieure, et jamais en son absence.

131. 15. Elles appellent leur Supérieure Mère simplement, et
les deux qui tiennent sa place, Mères assistantes; elles ne se
nomment, entre elles, que Soeurs, et elles se préviennent
d'honneur et de respect, faisant une révérence en passant les
unes devant les autres.

132. 16. Elles évitent soigneusement toutes singularités,
c'est-à-dire qu'elles ne font rien d'extraordinaire, à
l'extérieur, de leur propre volonté, sous prétexte d'une plus
grande perfection.